QUESTION par Pascale (Pierrelatte, France)
J’ai remarqué que beaucoup de personnes ayant appartenu à des mouvements dits ésotériques ne veulent qu’une chose, c’est de bénéficier d’une manière additionnelle des énergies de «l’Ère du Verseau», que ces personnes ont de la misère à se défaire de leurs précieux bagages qui sont le résultat de la connaissance apprise et que ceci rend quasi impossible la conversion des mémoires du couple âme/ego.
Nous avons tous des bagages mémoriels, certains sont plus lourds que d’autres, et notre futur véhicule volant n’acceptera pas le surpoids ! Alors, de ton point de vue panoramique, peux tu donner quelques conseils qui nous permettraient de laisser des bagages inutiles sur le tarmac ?
L’individu croit souvent avoir besoin de beaucoup de bagages au moment de partir en voyage.
L’âme pour sa part, l’âme individuelle tout autant que le monde de l’âme dans sa globalité, est un immense entrepôt de bagages mémoriels accumulés au fil des millénaires. Dans ce monde, la quantité de bagages accumulés est l’un des signes principaux de richesse et de crédibilité, à l’image des anciens princes, rois, nobles ou bourgeois richissimes de toutes sortes dont la quantité de valises et de coffres lors de déplacements impressionnaient le commun en conférant à leurs propriétaires une aura d’autorité, de respectabilité et de succès.
Dans le langage de l’âme, on nommera davantage cette richesse «connaissance», «vertu», «tradition sacrée», «sagesse» ou «sainteté» par exemple, plutôt que coffres ou valises.
Je suis parfaitement d’accord avec le principe du délestage des valises. Il sera de toute façon imposé par la nouvelle conscience à mesure que l’individu y entrera pour sa nouvelle naissance dans le monde de l’esprit.
Cependant, ce passage de l’âme à l’esprit est souvent rendu difficile par la présence d’obstacles-pièges dont certains sont plus caractéristiques de personnes à long cheminement spirituel ou ésotérique. J’en nomme d’emblée quatre qui sont assez fréquents:
- l’attachement aux mémoires
- la personnalité
- l’illumination de l’âme
- l’orgueil spirituel
Pour l’humain d’avant la «nouvelle fondation», la mémoire, celle de l’humanité dans ses tréfonds complexes, celle de ses racines familiales ou de son clan ethnique, celle de son âme individuelle depuis ses anciennes vies accumulées, tout cela est le fondement de sa survie, de sa sécurité, et la plupart du temps de son identité. L’attachement aux mémoires représente pour l’humain la sécurité du connu.
Tenter de contrarier ou d’infiltrer pareil monument est une tâche colossale pour la conscience nouvelle. Et ce travail ne peut généralement s’effectuer sans fracas, angoisses ou détresse lorsque le voyageur est subitement séparé de ses bagages.
Le choc peut être encore plus ardu à encaisser lorsque les mémoires de toutes sortes se sont cristallisées dans ce que l’on appelle une «personnalité». Celle-ci enclave l’individu dans un mode de pensée et de comportement qui lui donnent notamment sa manifestation sociale, plus ou moins bien réussie, mais l’enchaînent en même temps dans une identité qui n’est plus totalement la sienne.
La personnalité du «gentil et serviable», celle du «fonceur combatif quoi qu’il arrive» ou celle du «manipulateur astucieux» en sont des exemples. L’image-de-soi comme «personne évoluée» avec les fausses impressions à-propos de soi-même et la perte de la simplicité qui s’ensuivent en est un autre.
Le masque et la bulle qui résultent de cette cristallisation de l’âme, la plupart du temps assez denses et opaques, deviennent alors un obstacle de premier ordre au passage de la lumière plus subtile provenant de plus hauts niveaux.
Un obstacle encore plus caractéristique des personnes à fort bagage d’élévation spirituelle ou de cheminement ésotérique est celui que j’appelle «l’illumination de l’âme».
Dans sa progression vers l’accomplissement de son âme, l’individu vit à travers des mots, des images, des rêves ou des sensations de différente nature des expériences qui élèvent le niveau vibratoire de certaines parties de son être et font vibrer coeur et esprit à des fréquences qu’il n’avait pas connues jusqu’à ce moment.
Sans repères plus universels et plus objectifs sur ce qu’il vit, il croit alors avoir atteint l’achèvement ultime, avoir «trouvé la voie», être en train de vivre «une expérience hors du commun» et s’apprêter à se dissoudre en communion totale dans l’infini universel, une véritable illumination de l’âme, proche d’un paroxysme orgastique. L’effet est d’autant plus fort que ses sens, ses récepteurs psychiques, ses croyances et son âme sont alors réunis en synergie, obnubilant du coup son jugement et créant sur son esprit un voile ensuite très difficile à désagréger.
Une contamination fréquente de ce phénomène peut ensuite laisser apparaître chez l’individu le sentiment graduel et pernicieux, conscient ou pas, d’être quelqu’un «d’avancé», un être «plus évolué», un «élu», faisant partie d’une caste vibratoire supérieure pouvant contacter les infinis sur un claquement de doigts, et à l’ultime se croire comme faisant partie de sphères galactiques ou intraterrestres réelles ou imaginées, Orion, Sirius, Agartha, Shambala et tous les autres.
Pourtant, il s’agit tout bêtement d’une réaction d’orgueil spirituel, ce besoin psychologique constant pour l’individu de se rehausser hors des sphères du commun, besoin maintenant transposé dans les sphères spirituelles de son évolution.
Ces êtres sont de fait les voyageurs les plus difficiles à convaincre de se délester de leurs bagages tellement ces possessions illusoires sont pour eux partie prenante de ce qu’ils croient être leur identité réelle et tellement ils sont imprégnés de la conviction d’être sur la bonne voie par rapport à vous.
Pas facile donc de dépasser la lourdeur de certains pièges de l’âme. Voici malgré tout quelques points intéressants à considérer pour laisser si on le souhaite un peu plus de bagages inutiles «sur le tarmac» de l’aéroport :
ne pas s’approprier la conscience mais lui laisser plutôt faire son travail, donc ne pas «chercher» à se délester de plus de bagages mais les laisser se déposer d’eux-mêmes au fil du nettoyage entrepris par le processus
mettre de l’ordre dans sa vie sur tous les plans, matériel, affectif et mental notamment, supprimant rapidement tout ce qui est toxique à la mobilité absolue et à l’intelligence
être prêt à tout moment à s’envoler, donc être capable à tout moment de se détacher de quelque situation ou lien que ce soit
être capable de supporter le vide (ou plus exactement «l’impression» du vide)
cultiver en permanence la simplicité, l’authenticité, la transparence et l’instantanéité du moi.