La parole désajustée

Texte de PIERRE-LUC :

Peu d’hommes et de femmes, même parmi ceux et celles qui veulent bien se voir comme éveillés en conscience, savent éviter les nombreux pièges de la parole.

Plusieurs se montrent au contraire maladroits, sinon ignorants des conséquences sur eux et sur autrui de la façon dont ils se comportent avec les mots et le discours.

La parole avec son centre énergétique principal au niveau la gorge est le nouveau moyen prioritaire de création et d’expansion de conscience pour les gens de la nouvelle fondation qui s’installe sur le globe.

Il n’est cependant pas donné au premier venu d’avoir une parole réellement vibratoire, c’est-à-dire une parole puissante qui crée aussi bien un événement qu’un état d’esprit de haut niveau, mais sans en même temps tout détruire ou endommager autour de soi, les êtres humains en particulier.


Je prends comme exemples quelques types fréquents de désajustement dans la parole observés au fil de mes rencontres de toutes sortes avec des humains.


Commençons par l’inverse de la parole créative: le silence abusif ou «la parole retenue».

Certaines personnes sont muettes, presque absentes et quelquefois complètement figées dans l’expression de leur personne. Leur mode d’interaction avec l’univers est d’exprimer le moins possible, d’en dire le moins possible, de se replier. L’origine de ce mode d’action peut être par exemple la mémoire de l’âme, le tempérament à la naissance, une culture familiale centrée sur l’ignorance ou l’évitement de la communication, des modèles parentaux peu expansifs par nature ou des mécanismes de survie développés à partir d’expériences souffrantes, réelles ou appréhendées, avec l’environnement humain.

Dans certains cas, le corps peut plus ou moins clairement parler. Le regard peut manifester des choses. Des gestes peuvent être esquissés ou devinés. Mais les mots ne sortent pas. Et souvent, les émotions sont à l’avenant. Avec le temps, le dos, physique ou psychologique, a tendance à se voûter et les yeux à regarder de plus en plus vers le bas, sinon vers le vide. La personne n’existe qu’à demi. Elle survit au lieu de vivre dans sa puissance.

Ces individus ignorent ou font mine d’ignorer, souvent par peur du changement et de l’insécurité qu’il génère, que la conscience réelle ne provient pas que de l’accumulation d’informations, même très exactes et fournies par des êtres de haut niveau, mais aussi et surtout de l’expression agissante et créative de toutes les forces vivantes de leur être.

Une sensibilisation dynamique et une propulsion suffisamment puissante doivent alors leur être données, que ce soit par des événements de vie, pas toujours souhaités on le sait, ou par l’accompagnement volontairement choisi d’une personne à vibration plus élevée, thérapeute, sage ou partenaire de dialogue, qui leur servira temporairement de guide et de support.


À l’inverse, les humains sont souvent piégés dans «la parole abusive».

Il y a d’abord les gens dont la parole ne consiste qu’à rester en superficialité et à n’échanger somme toute que des banalités, qu’ils peuvent quelquefois considérer comme bien importantes dans leur vie, le temps qu’il fait par exemple, les événements politiques locaux et mondiaux, les péripéties qui surviennent dans l’existence de leurs enfants ou les petits maux physiques ou financiers qui peuvent les affecter d’un jour à l’autre.

L’un des pires types de gaspillage de l’énergie-parole, parce que tellement énergivore pour la personne qui est contrainte de la subir, est celle de l’individu qui interminablement «se raconte», gardant bien en main le micro de son narcissisme, ramenant constamment le discours sur les détails ineffables de l’expérience de son petit moi dans les différentes sphères si passionnantes de sa vie, et ne laissant aucune place à l’expression même timide de son interlocuteur qui doit alors se contenter de l’approuver à chaque seconde pour ne pas rompre la relation en interrompant la «diarrhée verbale».

En parallèle à ces comportements «éteignoirs», on retrouvera sans surprise les éternels «questionneurs», ces gens qui semblent s’intéresser à vous, mais qui s’intéressent en fait davantage à l’élaboration de leur propre roman sur votre personne et votre vie, des gens qui, plutôt que par l’amour et l’empathie qu’ils pourraient diriger à votre bénéfice, sont satisfaits s’ils peuvent établir une sorte de diagnostic sur ce qui vous arrive en se donnant l’impression d’avoir tout compris, quelquefois avec le sentiment à peine voilé de leur chance de ne pas être tombés dans des pièges aussi cons que les vôtres.

En complément et pour assaisonner la vinaigrette, on retrouve aussi les «commenteux», qui ont des opinions et des explications sur tout mais qui ne vous laissent jamais élaborer votre point de vue, leur moi et leur savoir étant toujours proéminents. Pire encore, on peut se retrouver face aux «critiqueurs» qui ne se gênent pas, eux, pour vous blâmer et vous amener à vous sentir coupable, tellement certains qu’ils sont de leur supériorité morale ou intellectuelle par rapport à vous.


Il y aurait long à dire sur toutes les autres façons, volontaires ou pas, d’abuser de la parole.

L’une d’entre elles est de savoir utiliser plus ou moins consciemment un «ton» de voix qui s’élève soudainement en cours de phrase, imperceptiblement ou à plus grande force selon le besoin, lorsque l’interlocuteur tente d’interrompre le flux verbal en cours pour placer un mot.

Un extra à ce manège est de pouvoir utiliser, consciemment ou pas, par disposition naturelle ou après l’avoir sciemment développée, une voix surpuissante, très ancrée dans le bas-ventre et la cage thoracique, et qui lorsqu’elle s’élève dans un registre à la limite du tonitruant, que ce soit en privé ou en public, fait taire tout le monde, écrasant et balayant autant les objections que les vibrations et les personnes. Une arme lourde en quelque sorte.

Ne quittons pas le tableau sans mentionner aussi les gens qui sont en conversation avec vous mais dont le «mental» est dispersé, continuellement sollicité vers autre chose en même temps qu’ils vous parlent ou que vous leur parlez. Leur esprit est tout-à-coup dérangé par une image soudaine, une tâche à faire ou un fait dont ils ont oublié de vous entretenir, même s’il n’est pas en rapport évident avec le sujet amorcé. Ces personnes, bien que rarement mal intentionnées, interrompent et «coupent»néanmoins sans cesse le fluide de la parole et de l’échange entre deux êtres. Il va sans dire que dans l’intérêt de leur propre conscience, leur attention, leur centricité et leur volonté auraient avantage à être recadrées.


On pourrait penser que ces types de comportement ne concernent que des individus moins sensibilisés aux paramètres du développement de la conscience. Que l’on se détrompe! Je parle chaque jour à des personnes très «conscientisées» qui répètent à l’infini l’une ou l’autre de ces erreurs, souvent sous couvert de «canalisation» de hautes énergies ou d’échange d’informations provenant «d’initiés».

Dans certains cas, le profil de ces personnes se rapproche dangereusement de celui des faux-éveillés.

Une parole peut être de haut niveau. Elle ne peut cependant faire l’économie d’un respect absolu et intégral de l’autre.


La parole consciente est puissante. Pour soi-même, elle fracasse les peurs, les armures de personnalité et les carapaces de toutes sortes qui limitent la vie et son expression.

La parole consciente est généreuse. Elle met l’amour en appui à la volonté pour créer à l’égard de ses semblables les mêmes éthers de puissance et d’élévation vibratoire que celles dont l’individu est appelé lui-même à disposer.

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